Arrondissement Beauport

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Restaurants et Alimentation
Canada -> Québec -> Beauport Boucherie Jacques Bélanger
Chalet de glace
Activités hivernales
Canada -> Québec -> Beauport Escalade de Glace Chute Montmorency
Escalade de Glace
Activités hivernales
Canada -> Québec -> Beauport Escalade de Glace Chute Montmorency
Pharmacies
Santé et ressourcement
Canada -> Québec -> Beauport Pharmacie Jean Coutu Andrée-Ann Juneau
Activité Entreprise
Chambres De Commerce
Developpement Économique
Canada -> Québec -> Beauport Chambre de Commerce Beauport Côte de Beaupré
Déménagements et Entrepôts
Habitation et services
Canada -> Québec -> Beauport Déménagement Force 10
Déménageurs
Transport Services
Canada -> Québec -> Beauport Déménagement Force 10
Activité Entreprise
La Cote de Beaupre
Destinations Vedettes
Canada -> Québec -> Beauport Chambre de Commerce Beauport Côte de Beaupré

Présentation

Population 80925 habitants
Superficie 74.37 km*km
Densite 1088.14 habitants/km*km
Latitude 46.86 °
Longitude -71.19 °

Plus d'informations

Seigneurie d’hier, ville d’aujourd’hui

De nombreuses villes du Québec actuel sont les héritières directes d’anciennes seigneuries concédées au XVIIe ou au XVIIIe siècle. On peut citer en exemple Boucherville, La Prairie, Terrebonne, Chambly, Contrecoeur, Saint-Augustin-de-Desmaures, Rimouski ou Rivière-du-Loup. Leur toponyme révèle la filiation entre la ville actuelle et la seigneurie originelle. De plus, la trame urbaine de ces localités fourmille fréquemment de noms de rues, écoles, parcs ou institutions inspirés des anciens seigneurs du lieu, souvent aussi fondateurs de la localité.

Partie centrale de la carte de Gédéon de Catalogne représentant le gouvernement de Québec (1709)

Partie centrale de la carte de Gédéon de Catalogne représentant le gouvernement de Québec (1709)

Par ailleurs, le paysage laurentien continue de révéler la trame seigneuriale, en particulier lorsqu’il est observé du ciel. Dans les communautés autrefois seigneuriales qui sont demeurées rurales et agricoles, telles l’île d’Orléans ou les municipalités de la côte de Beaupré, le parcellaire seigneurial est encore bien visible par la forme des terres (les anciennes censives). Celles-ci sont divisée en longs rectangles étirés, géométrie qui assurait un accès aux cours d’eau au plus grand nombre possible à l’époque où ceux-ci constituaient la principale voie de communication (NOTE 1). Ailleurs, le phénomène de l’étalement urbain est venu progressivement absorber le paysage seigneurial avec l’essor des banlieues, en particulier autour des villes de Montréal et de Québec. La modernisation du Québec au XXe siècle, principalement depuis la décennie 1960, n’a pas seulement eu pour effet l’effacement progressif du paysage hérité du régime seigneurial, mais également la disparition d’une partie du patrimoine bâti de l’époque seigneuriale, qu’il s’agisse des bâtiments seigneuriaux (moulins et manoirs) ou des rangs (aussi appelées côtes ou villages) témoignant des étapes du développement seigneurial. Si certaines localités ont su préserver et mettre en valeur les traces matérielles et la mémoire locale de la seigneurie, d’autres semblent, au contraire, les avoir occultées, malgré une toponymie recelant souvent de vestiges de l’ère seigneuriale. Le cas de Beauport constitue un exemple de ce paradoxe entre mémoire et oubli du passé seigneurial.

La trame seigneuriale à Beauport : entre la mémoire et l’oubli

La seigneurie de Beauport est la première à avoir été habitée et mise en valeur par son seigneur (NOTE 2). Cette antériorité de Beauport, aujourd’hui intégrée au territoire de la ville de Québec, est d’ailleurs soulignée en 2009 à l’occasion des festivités entourant son 375e anniversaire (NOTE 3). Concédée dès 1634 à Robert Giffard (c.1587-1668), apothicaire et maître-chirurgien originaire de Mortagne-au-Perche, la seigneurie de Beauport est, avec ses voisines Notre-Dame-des-Anges (1626) et Beaupré (1636), l’une des toutes premières concédées sous le régime français. Comme l’écrit Marcel Trudel, l’histoire beauportoise se confond avec celle des commencements du peuplement de la colonie : «Le peuplement ne commence […] qu’avec l’arrivée de la flotte de 1634 [qui] amenait, sous la direction de Robert Giffard et des frères Juchereau, les premiers éléments importants de ce peuplement(NOTE 4) ».

Maison Girardin

Maison Girardin

La concession faite à Robert Giffard le mettait en possession d’une seigneurie avantageusement située, tout près de Québec, cœur et capitale de la Nouvelle-France. Cette localisation favorable contribue évidemment à la précocité de son peuplement. En 1634, Giffard installe sur ses terres les deux premiers habitants, Jean Guyon et Zacharie Cloutier, deux hommes de métier à qui il concède un arrière-fief en échange de leur travail (NOTE 5). Dès 1636, les premières familles rejoignent à Beauport les défricheurs de 1634. Cependant, l’intensité du peuplement demeurera relativement timide pour les deux premières décennies. En 1645, après dix ans, seulement sept familles sont venues défricher les terres de Beauport. Autour de 1654, la création du bourg du Fargy (NOTE 6), premier embryon de village au Québec, marque une étape importante dans le développement de la seigneurie. Il faudra toutefois attendre la décennie 1670 et l’avènement du second seigneur, Joseph Giffard, avant que des terres ne soient concédées sur des rangs à l’intérieur du territoire : ce sont les rangs ou «villages» Saint-Joseph, Saint-Michel, Sainte-Thérèse et Saint-Ignace. Au moment de l’aveu et dénombrement de 1725, la seigneurie de Beauport compte une centaine de familles réparties sur ces différents rangs et 11 maisons construites de pierre. La maison Girardin, centre d’interprétation du patrimoine beauportois, située sur l’avenue Royale au cœur du bourg, témoigne de ces maisons de pierre du XVIIIe siècle. Le territoire beauportois aura tôt fait d’atteindre la saturation et les fils et filles des pionniers essaimeront vers de nouvelles zones de colonisation (la Beauce, par exemple, dès les années 1740) (NOTE 7).

Jusqu’au milieu du XXe siècle, malgré la proximité de la ville de Québec et l’industrialisation du secteur Montmorency en raison de la force motrice de la chute du même nom, le village de Beauport est demeuré largement agricole avant de se transformer peu à peu en banlieue dortoir au cours des décennies 1960 et 1970. L’accélération de l’étalement urbain, dont le processus se poursuit actuellement dans ce qui est devenu le 5e arrondissement de la ville de Québec, entraîne une disparition accélérée du patrimoine seigneurial dans cette localité. Malgré tout, il existe depuis 1964 un arrondissement historique (NOTE 8) qui témoigne de la conscience des biens patrimoniaux qui s’y trouvent, notamment dans le sud de la communauté, sur l’avenue Royale, surnommée à des fins touristiques la «route de la Nouvelle-France».

Le patrimoine seigneurial à Beauport

Les noms des bâtisseurs de la seigneurie sont toujours présents dans toponymie de Beauport.

Les noms des bâtisseurs de la seigneurie sont toujours présents dans toponymie de Beauport.

Que reste-t-il à Beauport du patrimoine seigneurial ? L’ancienneté de la seigneurie et l’importance historique de Robert Giffard et de ses descendants Juchereau-Duchesnay n’ont pas assuré pour autant la préservation des vestiges directement tributaires de la seigneurie. Certes, la communauté recèle de lieux aux noms chargés symboliquement sur le plan de la mémoire seigneuriale. La rue Seigneuriale, qui traverse Beauport du nord au sud, est l’ancienne «route» seigneuriale qui permettait de rejoindre les différents rangs à l’intérieur du terroir, reconnaissables de nos jours par les avenues Saint-Joseph (devenue Joseph-Giffard depuis les fusions municipales), Saint-Michel, Sainte-Thérèse et Saint-Ignace qui rappellent toutes les prénoms d’anciens seigneurs ou seigneuresses de Beauport. L’école secondaire La Seigneurie, le Centre hospitalier Robert-Giffard (NOTE 9), les rues Robert-Giffard et Marie-Renouard (première seigneuresse, une école primaire porte aussi son nom) constituent également des lieux dont le nom est porteur de sens sur le plan de la mémoire seigneuriale. Enfin, les rues Juchereau, Duchesnay et du Manoir rappellent l’emplacement de l’ancien domaine seigneurial, dont tous les vestiges ont cependant disparu. Le manoir, construit au temps de Robert Giffard, a brûlé à la fin de la décennie 1870 (NOTE 10) ; il y a de cela bien trop longtemps pour que ce bâtiment puisse avoir survécu dans la mémoire locale. On pourrait en dire autant du dernier moulin à eau, dont quelques ruines subsistent sur la rivière Beauport (NOTE 11).

Manoir seigneurial de Beauport au bord de la rivière Beauport vers 1870

Manoir seigneurial de Beauport au bord de la rivière Beauport vers 1870

On peut se demander si le départ de la famille seigneuriale au milieu du XIXe siècle après une présence de plus de deux siècles, de même que l’absence de descendants au sein dans la communauté n’ont pas, consciemment ou non, contribué à l’oubli du passé seigneurial de Beauport. Rien ne permet aux passants et aux citoyens de connaître l’emplacement de cet ancien domaine. Pas une plaque ne rappelle l’existence de ce qui fut le premier manoir seigneurial de l’histoire du Québec. Ainsi, on doit noter l’apparent paradoxe entre une omniprésence de la toponymie à résonnance seigneuriale et l’absence de signification de celle-ci pour le plus grand nombre de Beauportois, faute de moyens de connaître ce passé seigneurial.

L'orientation des terres à Beauport

L'orientation des terres à Beauport

Sur le plan du territoire, la trame urbaine continue de porter la marque du tracé initial mis en place par Robert Giffard et ses successeurs. Giffard avait choisi d’orienter les censives dans un axe sud-ouest/nord-est qui s’observe encore aujourd’hui par l’orientation des façades des maisons sur l’avenue Royale entre la rivière Beauport et la rivière Montmorency, limites naturelles de la seigneurie de Beauport (NOTE 12). Sur ce parcours, malgré de béantes disparitions (NOTE 13), les maisons patrimoniales dont la construction remonte à l’époque seigneuriale font de l’arrondissement historique de Beauport l’un des lieux où leur concentration est la plus forte. Cependant, on a laissé à la merci des promoteurs l’avenir des autres secteurs de l’ancien territoire seigneurial, qu’il s’agisse des maisons patrimoniales sises dans les «rangs» (non protégées, mais souvent plus anciennes que celles de l’avenue Royale) ou encore du patrimoine maraîcher beauportois qui a pratiquement achevé de mourir depuis une décennie. Depuis le tournant du millénaire, l’ancien rang Saint-Joseph, dernier bastion à Beauport des terres agricoles remontant au régime français, est devenu à son tour un secteur domiciliaire, tandis qu’un mégacentre commercial typiquement nord-américain s’y est installé, apparemment au grand plaisir des résidants de Beauport. On comprend que, dans ce contexte, la démolition de la maison Charles-Drouin (NOTE 14), l’un des derniers vestiges des maisons du rang Saint-Joseph, pour faire place au stationnement d’un concessionnaire automobile n’ait guère suscité d’émoi parmi la population, pas plus que les difficultés des commerçants de l’avenue Royale qui tentent de garder vivant l’arrondissement historique dit du «Vieux Bourg» et de survivre malgré la compétition des grandes surfaces.

Préserver le patrimoine seigneurial : des exemples

Le moulin à eau des Éboulements

Le moulin à eau des Éboulements

En contrepartie de cet exemple de «non mémoire» seigneuriale, il y a lieu de souligner que d’autres localités, souvent «favorisées» par l’éloignement (ou l’insularité) ou encore par une volonté communautaire plus marquée, ont su mieux préserver la mémoire de leur patrimoine seigneurial, dont les manoirs et les moulins (NOTE 15). Dans plusieurs cas, ce sont des corporations privées qui ont été créées pour assurer leur sauvegarde et leur mise en valeur. À l’île d’Orléans, autre seigneurie pionnière de la Nouvelle-France, la restauration du manoir Mauvide-Genest et sa transformation en centre d’interprétation du système seigneurial en 2002 s’explique autant par le fait qu’un descendant de la famille Genest (épouse du seigneur), le juge Pouliot, un ardent nationaliste canadien-français, ait racheté et restauré le bâtiment en ruine dans les années 1920, que par sa localisation sur l’île d’Orléans qui bénéficie d’une reconnaissance patrimoniale remarquable au Québec (NOTE 16). Néanmoins, la place que tient l’île d’Orléans dans la culture québécoise ne semble pas constituer une garantie absolue de sauvegarde puisque le moulin Poulin à Sainte-Famille (érigé dans les années 1840) est considéré en «état de perdition» et ne bénéficie à ce jour d’aucune reconnaissance en tant que bien culturel, malgré des recommandations répétées en ce sens (NOTE 17). D’autres moulins, dont ceux de l’île Perrot (NOTE 18) (moulin à vent) et des Éboulements (moulin à eau) ont connu un sort plus enviable.

D’autres exemples attestent de diverses expériences de mise en valeur de sites seigneuriaux québécois. À Saint-Roch des Aulnaies, le manoir Dionne, érigé entre 1850 et 1853, centre d’interprétation sur le régime seigneurial, est représentatif du mode de vie des «gentilshommes campagnards» à la veille de l’abolition du régime seigneurial (1854) (NOTE 19). Plus en amont du Saint-Laurent, les domaine et manoir Joly de Lotbinière (NOTE 20) constituent une autre illustration de la vie seigneuriale au XIXe siècle, tout comme le manoir Papineau à Montebello dans l’Outaouais, où Parcs Canada assure l’animation du site qui rappelle l’homme politique et seigneur Louis-Joseph Papineau (NOTE 21). Qu’il s’agisse de centres d’interprétation du monde seigneurial, de jardins, parcs ou même de camps de vacances (c’est le cas du manoir des Éboulements), ces lieux constituent, au contraire du domaine seigneurial de Beauport, le témoignage d’une mémoire seigneuriale bien vivante.

L'allée des bâtisseurs

L'allée des bâtisseurs

En somme, l’exemple de Beauport est fascinant parce qu’il révèle un étrange paradoxe : il s’agit d’une localité parmi les plus anciennes de l’Amérique française, dotée depuis près d’un demi-siècle d’un arrondissement historique protégé, mais c’est également une localité où la mémoire et la conscience de cette richesse patrimoniale seigneuriale sont étrangement discrètes en dépit d’une multitude de repères toponymiques faisant directement référence à ce même passé. Cet exemple révèle d’ailleurs les luttes constantes et le rôle des citoyens dans la conscientisation au patrimoine (NOTE 22). L'établissement récent, à l'occasion du 400e anniversaire de Québec, d'un lieu de mémoire qui rend hommage aux premiers bâtisseurs de la communauté beauportoise témoigne d'ailleurs d'une certaine vitalité dans les efforts de mise en valeur du passé seigneurial à Beauport. La réflexion s’applique aussi à de nombreuses autres localités des régions pionnières de Montréal, Québec et Trois-Rivières, marquées par une croissance fulgurante sous l’effet de l’étalement urbain et, parallèlement, par une disparition accélérée d’un patrimoine seigneurial plusieurs fois centenaire.

 

Benoît Grenier
Département d’histoire, Université de Sherbrooke

Éléments caractéristiques(Boite fermée, cliquer pour ouvrir)

Les éléments clés du site patrimonial de Beauport liés à ses valeurs historique, urbanistique, architecturale et archéologique comprennent, notamment :
- sa situation sur la côte de Beauport, le long du chemin Royal et de l'avenue Royale (ancien chemin du Roy);
- l'implantation sur des terrasses offrant des panoramas vers le sud;
- le long parcours sinueux et ascendant d'ouest en est du chemin Royal et de l'avenue Royale;
- les caractéristiques liées au découpage des terres au Régime français, dont l'orientation oblique de plusieurs parcelles et rues secondaires par rapport à l'avenue Royale ainsi que l'implantation des maisons en dents de scie;
- les marges de recul variables, témoignant d'époques différentes;
- la prédominance des fonctions résidentielles;
- les noyaux paroissiaux des anciennes municipalités de Beauport et de Courville;
- le parc des Martyrs;
- le corpus architectural majoritairement composé d'habitations rurales et villageoises;
- les deux immeubles patrimoniaux classés, soit les maisons Girardin et Tessier-Dit-Laplante;
- certaines habitations situées du côté nord du chemin Royal et de l'avenue Royale présentant un soubassement très dégagé en façade;
- les maisons rurales d'inspiration française en maçonnerie de pierre caractérisées par un carré simple à un étage et demi, une façade asymétrique ainsi qu'un toit à deux versants droits;
- les maisons québécoises d'inspiration néoclassique en maçonnerie de pierre, en madrier sur madrier ou en pièce sur pièce caractérisées par un plan rectangulaire, une façade symétrique ainsi qu'un toit à deux versants à larmiers débordants, parfois recourbés;
- les maisons mansardées en maçonnerie de pierre, en madrier sur madrier ou en pièce sur pièce caractérisées par une élévation à un étage et demi ou deux étages, un toit brisé généralement à deux versants ainsi que des ouvertures aux proportions verticales habituellement disposées de façon symétrique;
- les maisons typiques de l'architecture de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, dites vernaculaires industrielles, dont les maisons cubiques ou « Four square », les maiosns à toit à deux versants et les maisons à toit plat, caractérisées par un volume cubique et une élévation à deux étages ou deux étages et demi;
- les bâtiments institutionnels témoignant de styles en vogue au XIXe siècle, dont l'église de Saint-Louis-de-Courville présentant une façade monumentale d'influence néoromane ainsi que l'église de La-Nativité-de-Notre-Dame et le couvent de la congrégation de Notre-Dame d'esprit néogothique;
- les sites archéologiques euroquébécois connus, témoignant du passé rural et d'activités industrielles;
- le potentiel archéologique du territoire.

 

Informations historiques

L'histoire du site patrimonial de Beauport est essentiellement celle d'une voie de circulation, soit le chemin Royal et l'avenue Royale, et de son environnement. Bien que ce territoire ait été fréquenté par les Autochtones, son peuplement commence véritablement avec la concession des seigneuries de Notre-Dame-des-Anges et de Beauport, deux des plus anciens terriers de la Nouvelle-France. Concédée aux Jésuites en 1626, la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges s'étend de la rivière Saint-Charles à la rivière Beauport. Quant à la seigneurie de Beauport, elle est attribuée en 1634 à Robert Giffard de Moncel (vers 1589-1668), premier seigneur colonisateur de la Nouvelle-France. Elle s'étend de la rivière Beauport à la rivière Montmorency. C'est à l'intérieur de cette ancienne seigneurie que se trouve la majeure partie de l'actuel arrondissement historique.

Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, Beauport connaît un développement plutôt modeste. Les pionniers s'installent dans le bourg du Fargy, en bordure de la rivière Beauport, où Giffard fait construire son manoir seigneurial en 1642. Un autre noyau de peuplement se forme près de la rivière du Buisson, où se trouve le pôle institutionnel. Ces deux noyaux sont reliés par une voie de circulation qui sera intégrée au chemin du Roy (maintenant le chemin Royal et l'avenue Royale), rattachant Montréal au village de Saint-Joachim. Les habitants, dont l'agriculture et l'élevage sont les principales activités économiques, s'établiront le long de ce chemin. La paroisse de Notre-Dame-de-Miséricorde-de-Beauport est érigée canoniquement en 1684 et comprend l'entièreté de la seigneurie de Beauport. Elle est agrandie en 1722 pour englober une partie de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges.

Le territoire du site patrimonial est le théâtre d'événements militaires importants. En 1690, les Britanniques menés par sir William Phips (vers 1651-vers 1695) débarquent sur la grève de Beauport et sont repoussés. En 1759, lors du siège de Québec, la côte de Beauport est transformée en camp retranché par le marquis Louis-Joseph de Montcalm (1712-1759). La bataille de Montmorency y est livrée. Puis, en 1776, les Américains hivernent à Beauport à la suite de leur échec devant Québec.

À la fin du XVIIIe siècle, la côte de Beauport connaît un essor industriel et commercial important. Cette impulsion est donnée par l'implantation en 1792 de la distillerie du marchand John Young (vers 1759-1819), le long de la rivière Beauport. Cet élan se poursuit pendant le XIXe siècle, notamment par le développement des carrières de pierre et l'établissement de quelques autres industries, dont les clouteries de John Henderson et de François-Xavier Méthot (1796-1853), le moulin à farine de Jean-Baptiste Renaud (1816-1884) et de Louis-Napoléon Larochelle (1834-1890) et la fabrique d'allumettes de Joseph Labrecque. Enfin, les fours à chaux se multiplient tandis que des boutiques et des ateliers surgissent. Les liens entre Beauport et la ville de Québec, qui sont consolidés par l'arrivée du chemin de fer en 1889, permettent à ces entreprises de s'épanouir.

La croissance de Beauport provoque une augmentation de la population et la densification des habitations le long du chemin du Roy. Au milieu du XIXe siècle, ce corridor est occupé de manière continue et traverse quatre noyaux villageois : Giffard, Beauport, Villeneuve et Courville. Pendant le XXe siècle, ces noyaux vont devenir des municipalités et se doter d'ensembles institutionnels.

À partir des années 1950, Beauport se transforme en banlieue de la ville de Québec, et son secteur ancien est menacé.

Le site patrimonial de Beauport est déclaré en 1964, puis agrandi en 1985, afin de préserver l'intégrité du paysage du chemin Royal et de l'avenue Royale. Il comprend deux immeubles patrimoniaux classés, soit les maisons Girardin et Tessier-Dit-Laplante. De nos jours, ce tracé constitue un ensemble ethnohistorique exceptionnel.

 

From Seigneurie to Chartered City

A number of cities in Quebec are the direct legacy of 17th- and 18th-century seigneuries. Examples include Boucherville, La Prairie, Terrebonne, Chambly, Contrecoeur, Saint-Augustin-de-Desmaures, Rimouski and Rivière-du-Loup, whose very names establish the connection between the current city and the original seigneurie. Furthermore, these towns are full of streets, schools, parks, and other institutions named after the old seigneurial lords, who were often also the founders of the towns themselves.

Middle portion of a map drawn by Gédéon de Catalogne, a representative of the Government of Quebec (1709)

Middle portion of a map drawn by Gédéon de Catalogne, a representative of the Government of Quebec (1709)

Moreover, visible traces of the seigneurial system can still be found across the landscape of the St. Lawrence Valley, especially when the region is viewed from the air. In former seigneurial fiefdoms that have remained rural and agriculturally-oriented, such as Île d'Orléans or the municipalities of Côte-de-Beaupré, land tracts have retained their typical long, narrow, rectangular shape, just as it was divided up by a seigneural lord centuries ago. The long, narrow tract shape ensured that a maximum number of inhabitants had access to the waterfront at a time when rivers were the chief means of transportation.(NOTE 1)  Elsewhere, especially around Montreal and Quebec City, urban sprawl and the growth of suburbs gradually erased the traces of the traditional seigneurial land divisions from the landscape. Not only did the modernization of Quebec society in the 20th century steadily change the face of the landscape inherited from the seigneurial system (especially after the 1960s), but it also wiped out part of the province's architectural heritage-whether be it the buildings built by the feudal lords themselves (mills and manors) or those erected in the rangs [ranges]-all of which testified to the various stages of evolution of the seigneurial fiefdom. Although certain regions have managed to preserve and promote the remaining physical traces of their local seigneural heritage and history, other areas have attempted to cut ties with the past, in spite of a regional toponymy that is quite deeply rooted in the seigneurial system. Beauport is a perfect example of such a contradictory attempt to simultaneously commemorate and abandon a past rooted in the seigneurial system.

 

The Beauport Seigneurial System: a Paradox of Commemoration and Neglect

The seignurial fiefdom of Beauport was the first to have been settled and agriculturally developed by a feudal lord. (NOTE 2) In 2009, the city (which is now part of Quebec City) celebrated the its 375th anniversary.(NOTE 3) The original seigneurie was granted to apothecary and master-surgeon, Robert Giffard (circa 1587-1668), of Mortagne-au-Perche in 1634, thereby making it one of the first seigneuries under the French regime, along with nearby Notre-Dame-des-Anges (1626) and Beaupré (1636). According to Marcel Trudel, it is quite impossible to separate the history of Beauport from that of the earliest colonists. He writes that, "Settlement of the colony did not begin until a fleet of ships under the command of Robert Giffard and the Juchereau brothers arrived in 1634 bearing the necessary provisions for the colonisation effort."(NOTE 4)

Girardin House

Girardin House

Robert Giffard's seigneurie was located near Quebec City, the heart (and capital) of New France. It was a favourable location that undoubtedly contributed to the speed with which it was settled.  In 1634, labourers Jean Guyon and Zacharie Cloutier became Giffard's two first tenants and each was awarded a rear fief(NOTE 5), in exchange for their work clearing the land. Beauport's first families joined Guyon and Cloutier two years later, but the feifdom was still only modestly populated during the first twenty years of its existence. For, by 1645, just over ten years after Giffard's arrival, only seven families had moved to the area. The establishment of Fargy(NOTE 6), Quebec's first fledgling village (around 1654), was a major step in the growth of the fiefdom. Nevertheless, it wasn't until the 1670s, with the arrival of a second feudal lord, Joseph Giffard, that parcels of land were granted on ranges farther inland that later became the towns of Saint-Joseph, Saint-Michel, Sainte-Thérèse and Saint-Ignace. At the time of the 1725 census, the Beauport seigneurie was home to about a hundred families living on its various ranges, as well as eleven stone houses. The Maison Girardin [House], a historical interpretation centre located on Royale Avenue in the heart of Beauport, is an example of one these 18th-century stone houses. The Beauport seigneurie grew and soon reached its settlement capacity, and so, the sons and daughters of the original settlers were eventually obliged to head off to establish themselves in new areas such as the Beauce (settled in the 1740s). (NOTE 7)

Despite its proximity to Quebec City and the industrialisation of the Montmorency area (which largely resulted because of the potential energy that could be harnessed from the falls of the same name), the town of Beauport remained largely focused on agriculture until the mid-20th century, when it gradually became a bedroom community during the 1960s and 1970s. Increased urban sprawl in what is now Quebec City's fifth borough has quickly erased much of its seigneurial heritage. Despite all of this, a historic district(NOTE 8) was established in Beauport in 1964, living proof that the locals are indeed aware of their town's heritage assets. This is particularly obvious to the south of town, on Royale Avenue, which has been given the tourist-friendly moniker Route de la Nouvelle-France.

 

Seigneurial Heritage in Beauport

The names of those who built the Beauport seigneurial fiefdom are still present in the area's toponymy

The names of those who built the Beauport seigneurial fiefdom are still present in the area's toponymy

And so, what is left of Beauport's seigneurial heritage today? The importance of the feudal era and the historical significance of Robert Giffard and his descendents, the Juchereau-Duchesnay family, were not enough to automatically ensure that the remaining vestiges of the seigneurial fiefdom would be preserved for posterity. Beauport area is certainly full of places whose names reflect the region's history. For example, Rue Seigneuriale, which runs north - south across town, was once a road leading to the ranges to the rear of the seigneurial lands. The ranges are now known as Saint-Joseph (which has been renamed Joseph-Giffard since the municipal conglomeration), Saint-Michel, Sainte-Thérèse and Saint-Ignace avenues, all of which are the names of former seigneurial lords. Other historically significant names are La Seigneurie high school, Centre hospitalier Robert-Giffard,(NOTE 9) Rue Robert-Giffard and Rue Marie-Renouard (the latter is named after the first seigneuresse [female heiress to a seigneurie]). An elementary school is also named after Marie Renouard. Finally, Juchereau, Duchesnay, and Du Manoir streets are all reminiscent of the location of the original seigneurie, of which no traces remain. The manor, which was built the 17th century, burned down in the late 1870s-far too long ago for any collective memory of it to have survived in the minds of Beauport's residents.(NOTE 10)  The same is true of the last water mill, which now exists only in the form of a few ruins on the Beauport River.(NOTE 11)

Seigneurial manor on the Beauport River, circa 1870

Seigneurial manor on the Beauport River, circa 1870

One has to wonder if the seigneurial family's departure in the mid-19th century, after more than two hundred years in the area, or the complete lack of seigneurial descendents in the community contributed to the people of Beauport consciously or unconsciously forgetting their past as a seigneurie. In addition there are no remaining physical traces that indicate the actual location of the original domain to locals or passers-by, no plaques to recall the existence of what once was the first seigneurial manor in the history of the Province of Quebec. One cannot help but notice the apparent contradiction between the abundance of place names that pay tribute to the area's seigneurial history and the fact that these mean little for most of Beauport residents-all who have had little opportunity to learn about their town's heritage.

Land divisions in Beauport

Land divisions in Beauport

Beauport still bears the marks of the original layout of the fiefdom drawn up by Robert Giffard and his successors. Giffard decided to lay out the land parcels along a north-south axis, which can still be seen today in the angle of the homes along Royale Avenue between the Beauport and Montmorency rivers, once the natural boundaries of the seigneurie.(NOTE 12) Despite certain obvious gaps in the continuity of the heritage neighbourhood,(NOTE 13) Beauport's historic district is home to a number of dwellings that date back to the days of the seigneurie. In fact, there is a higher concentration of heritage dwellings here than almost anywhere else. However, the remaining vestiges of the former seigneurie are pretty much at the mercy of developers, whether it is the historic homes built on the ranges (which are not protected, but are often older than those on Royale Avenue) or the area's agricultural heritage (which has been in a steady decline for the last decade). Since early 2000, the former Saint-Joseph range-home to Beauport's last remaining French regime-era farmland-also underwent modern development, transforming it into a residential district. And to the apparent delight of local residents, a typical North-American megamall was even built in the vicinity. And so, it should come as no surprise that, when one of the last remaining historical houses on the range, the Charles-Drouin house(NOTE 14), was demolished to make room for a car dealership parking lot, it barely caused a ripple among the local population. It also explains the hard times that have fallen on Royale Avenue, where local merchants fight to keep the "Vieux Bourg" historic district alive despite intense competition from big box stores.

 

Preserving Beauport's Seigneurial Heritage: Case Examples

Les Éboulements water mill

Les Éboulements water mill

It is worth mentioning that, unlike the previous example, some of the more remote, isolated sites, such as manors and mills, have taken advantage of their situation to preserve the traces of their seigneurial heritage. (NOTE 15)  In many cases, private corporations have been created to ensure their conservation and public awareness of the sites.  On Île d'Orléans, another of New France's earliest seigneuries, the Mauvide-Genest manor was fully restored and opened as an interpretation centre in 2002. There are two main reasons for this positive change: first, the decaying remains of the building were bought and restored in the 1920s by Judge Pouliot, an ardent French-Canadian nationalist and descendent of the Genest family (the wife of the former seigneurial lord); and second, Île d'Orléans is one of the Province of Quebec's treasured heritage sites.(NOTE 16) Nevertheless, the island's cherished place in Quebec culture does not ensure that all necessary conservation efforts will be taken to preserve all of its heritage assets. An example of this is the Poulin Mill (erected in Saint-Famille in the 1840s), which is in a state of total ruin, even though it has yet to be recognized as a cultural (or heritage) asset in spite of numerous recommendations to this effect.(NOTE 17) Other sites, such as the windmill on Perrot Island(NOTE 18) and the water mill in Les Éboulements, have fared much better.

There are additional examples of the various ways in which the sites of former Quebec seigneuries are being recognised as heritage assets. The Manoir Dionne (erected in Saint-Roch des Aulnaies between 1850 and 1853) has become an interpretation centre for the seigneurial system and depicts the lifestyle of the "country gentleman" just prior to the 1854 abolition of the seigneurial system.(NOTE 19) Farther up the St. Lawrence River, the lands and manor of Joly de Lotbinière(NOTE 20) are also used to depict 19th-century seigneurial life. The same is true of the Manoir Papineau in Montebello of the Outaouais region, where Parks Canada runs a centre dedicated interpreting the life and times of politician and seigneurial lord, Louis-Joseph Papineau.(NOTE 21) Unlike the case of Beauport and its disappearing seigneurial heritage, these sites are examples of a history that is alive and well, whether it be in the form of interpretation centres, parks, gardens, or even summer camps (as is the case in Les Éboulements). 

The Allée des Bâtisseurs [Founders' Avenue]

The Allée des Bâtisseurs [Founders' Avenue]

To conclude, the context surrounding Beauport's seigneurial heritage is a fascinating case because of the unusual paradoxal nature of the situation. Firstly, it is one of the oldest towns in French North America and, as a result, its historic district has been a heritage conservation area for nearly fifty years, although its rich seigneurial heritage goes largely unnoticed-in spite of the slew of place names that make direct references to the past. It is a perfect example of the ongoing struggle to raise the public's awareness of the heritage issues at stake and the role that they can play in the struggle.(NOTE 22) A recently dedicated monument commemorating Beauport's founding fathers that was erected during Quebec City's 400th anniversary celebrations is proof that there is a certain vitality in the efforts to honour Beauport's seigneurial heritage. The same can be said of a number of other localities in Quebec's oldest regions surrounding Montreal, Quebec City and Trois-Rivières-where rampant growth and urban sprawl have continue to erase the traces of a centuries-old seigneurial heritage.

 

Benoît Grenier
History department, Université de Sherbrooke