ASSOCIATION DES PECHEURS DE CREVETTES DE MATANE

Association des Pêcheurs de Crevettes de Matane

 

Vers une fermeture partielle de la pêche à la crevette nordique dans le golfe?

Des crevettes rosées dans un bac de transport.3:14

Le Téléjournal Atlantique

Un organisme demande de lever le moratoire sur le sébaste afin de sauver les crevettes

 

L'effort de pêche à la crevette nordique diminue d'année en année depuis 15 ans.

PHOTO : RADIO-CANADA / NICOLAS LACHAPELLE

Publié le 6 juillet à 16 h 13

Mis à jour le 6 juillet à 19 h 06

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Les stocks de crevettes nordiques font face à un déclin historique dans le golfe du Saint-Laurent, et Pêches et Océans n'écarte désormais plus une fermeture partielle de cette pêche en 2024.

C’est très préoccupant, admet Antoine Rivierre, gestionnaire des pêches au ministère des Pêches et des Océans.

Selon les données du MPO, les stocks de crevettes nordiques dans le golfe du Saint-Laurent sont en continuel déclin depuis 15 ans. Cela s'est reflété sur le total autorisé de captures (TAC), qui est passé de 35 000 tonnes en 2012 à 14 000 tonnes cette année.

Le crevettier Stelie.

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Une douzaine de crevettiers de la Péninsule acadienne prennent la mer chaque printemps.

PHOTO : GRACIEUSETÉ

Devant de telles statistiques, Hugo Bourdages, biologiste au ministère, est catégorique.

Les stocks de crevettes nordiques sont historiquement à leur plus faible niveau présentement.

Une citation deHugo Bourdages, biologiste au ministère des Pêches et des Océans

On sait que cette pêche est très importante pour plusieurs régions des Maritimes , ajoute André Rivierre. On en fait notre priorité, mais actuellement, on ne peut pas se prononcer sur le total autorisé de captures pour 2024. Nous surveillons très étroitement les débarquements. Il faudra attendre les données de la saison de pêche et les relevés scientifiques pour voir ce qui sera envisagé par la suite.

Les quatre zones de pêche à la crevette nordique dans le golfe du Saint-Laurent.

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Les quatre zones de pêche à la crevette nordique dans le golfe du Saint-Laurent.

PHOTO : RADIO-CANADA

Réunion d’urgence de l’industrie

Devant ce portrait alarmiste, le Comité consultatif de la crevette du golfe se réunira d’urgence le 20 juillet, à Mont-Joli, au Québec.

Les intervenants de cette industrie venant du Nouveau-Brunswick, du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador demanderont alors au MPO la levée immédiate du moratoire de la pêche au sébaste. Une reprise de la pêche au sébaste, le principal prédateur de la crevette nordique, serait bénéfique pour les stocks de crevettes, selon eux.

Un homme sourit à la caméra.

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Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP)

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIO MERCIER

En cas de refus, plusieurs crevettiers pourraient devoir déclarer faillite, craint Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP).

Il faut travailler avec le MPO pour sauver cette industrie. Et l’une des solutions est d’avoir accès au sébaste immédiatement, insiste-t-il.

Une industrie importante dans la Péninsule acadienne

Dans la Péninsule acadienne, on compte une douzaine de pêcheurs de crevettes nordiques qui se séparent 27 % des allocations de crevettes du golfe du Saint-Laurent.

Ils obtiennent un total autorisé de captures d'environ 15 000 tonnes par année avec des débarquements d’une valeur de 80 millions $. Cela crée quelque 200 emplois directs et indirects dans la région.

La diminution de l’effort de pêche s’est reflétée dans l’industrie. Les achats de crevette nordique dans l'une des plus importantes usines de la Péninsule acadienne, l'Association coopérative des pêcheurs de l'île à Lamèque, ont connu une baisse de plus de 90 % depuis près de dix ans.

Sébaste et changements climatiques pointés du doigt

Hugo Bourdages, biologiste au MPO, rapporte que la montée fulgurante de la population de sébastes est l’une des raisons de la diminution des stocks de crevettes nordiques.

L’autre raison, selon lui, est la hausse de la température de l’eau liée aux changements climatiques.

Des sébastes dans l'eau.

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Le sébaste est le principal prédateur de la crevette nordique.

PHOTO : RADIO-CANADA

La population de sébastes serait passée de 100 000 tonnes à plus de 3 millions de tonnes en un très court laps de temps, précise-t-il. Selon la FRAPP, qui se base sur des données du MPO, ces poissons rouges auraient gobé 187 000 tonnes de crevettes nordiques par an.

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Quant à la demande de la FRAPP d’accorder un accès à la pêche au sébaste, le biologiste a tenté de se faire rassurant. Tout le monde au ministère travaille pour une réouverture de la pêche au sébaste le plus tôt possible, dit-il.

Mais c’est à se demander si ce n’est pas déjà trop tard, poursuit Jean Lanteigne.

Si on atteint un seuil critique, il arrivera à la crevette nordique ce qui est arrivé à la morue, au hareng et au maquereau. On aura alors attendu trop tard pour agir. C’est un miracle qu’on réussit encore à opérer, car c’est extrêmement difficile. On a eu nos années de vaches grasses et nos années de vaches maigres. Mais là, la vache est très maigre, précise le directeur général de la FRAPP.

 

Avec des informations de Nicolas Steinbach

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